Pourquoi est-ce que je reste figé derrière la grande porte d'entrée de la salle de danse ? Parce qu'elle est belle, dieu qu'elle est belle. Son corps en mouvement va d'un bout à l'autre de la pièce dans des enchainements délicats, aussi délicats que sa peau, son sourire, la courbe de son dos. Elle se lance dans l'air, la bouche grande ouverte, en silence, mon regard n'arrive pas à s'en détacher. Elle m'hypnotise, m'emmène avec elle même derrière une simple vitre. Elle s'arrête, surement épuisée, elle s’assoit sur le sol pendant quelques minutes, je la regarde toujours, me demandant si je devrais aller la voir, lui parler, lui demander rien que son prénom. Lâche, faible, ou simplement timide je recule au dernier moment.
Toute la nuit j'y repense, cette fille m'intrigue, je ne parviens pas à me la sortir de la tête. Je repense à ses cheveux, étonnament détachés, tombant sur ses épaules presque nues, s'embarquant dans des entrechats qui la font souffrir. Elle est gracieuse et rend tout ça si simple. Je me jure de lui parler, un jour.

Marvel est revenu encore et encore, des semaines durant, la regarder s'entrainer. Il a commencé à la filmer, de son coin de porte entre ouvert. Son œil rivé sur la caméra il capture les plus beaux moment de la jolie blonde. Mais un jour il fait tomber sa caméra, le bruit résonne jusqu'aux pieds de Siloé, elle s'arrête immédiatement, se croyant seule, il doit être près de vingt-trois heures. Elle entend quelqu'un partir, assez téméraire elle s'approche, ouvre la porte et tombe nez à nez avec la caméra, laissée sur place par Marvel. « Qu'est-ce que ... » Elle se baisse et la ramasse, elle remonte dans les dernières vidéos filmées, sa surprise est assez grande quand elle se voit, elle partout, entrain de danser, entrechats et pointes zoomés, arabesque de long en large ... Le type s'y connait, ça se voit. Elle referme la caméra et regarde autour d'elle, personne, évidemment.
Le lendemain Siloé n'hésite pas une seconde, elle se rend à l'intendance des étudiants en cinéma et demande à qui appartient la caméra, elles sont toutes référencées. « Marvel ... Marvel Glastonburry, un troisième année plutôt mignon. » Siloé retient un haut le cœur, l'intendante n'est pas un bel exemple de féminité et la voir parler des élèves comme ça ... « Merci ! ». Ni une ni deux Siloé s'élance dans les grands couloirs du château, Marvel y habite. Elle frappe à la porte de la chambre 310, elle n'a jamais eu peur de rien, toujours à foncer tête baissée. En attendant qu'on vienne lui ouvrir elle s'interroge sur la tête du fameux caméraman. Et si il était moche, gros, poilu, geek, nain, vert, rose, bleu ... Elle s'arrête rapidement, la porte s'ouvre. « C'est pourquoi ? » « Je cherche Marvel. » Le jeune homme se retourne dans la chambre. « MARVEL LÈVE TES FESSES DE TON LIT, Y A QUELQU'UN QUI TE DEMANDE ! » Siloé perçoit des grognements. « Dis à la personne de repasser plus tard ... » « T'aurais tord ! » Il afficha un grand sourire en direction de Siloé. « J'arrive ... » Les pas sont lourds, il arrive enfin à la porte. Il devient pâle, blanc, livide, presque vert. Siloé, elle, a un grand sourire aux lèvres, elle lui tend la caméra. « C'est à toi non ? » Il reste immobile, une frappe sur la tête de la part de son colocataire le ramène à la réalité. Il frémit et récupère son bien. « Me ... merci. » « Pas de soucis, je suppose que tu y tiens ! » Elle n'a pas l'air le moins du monde gênée, lui déglutit difficilement. « Euh oui, on peut dire ça comme ça. » « T'es un boulet un peu, t'arrives même à pommer ta caméra ! » « Ça arrive à tout le monde. Je dois y aller j'ai ... » « Cours de danse ? » Il regrette déjà d'avoir parlé. Elle rit. « Oui voilà, cours de danse. Bonne journée ! » « Bonne jour ... jour ... » « JOURNÉE ABRUTI ! »